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Joseph I

5. 7. 2008
Notre héros, cette nuit-là, éprouvait un certain vague àâme. Pourtant, Joseph avait encore en lui le souvenir d´un profond bien-être dans lequel, quelques jours auparavant (Dieu sait quand exactement), il avait dissout sa volonté. Il avait dû se laisser porter par le flot des événements quelques temps. Mais ce vendredi-là, Joseph ne se sentait guère en paix face à lui-même. En vain, il cherchait des images qui l´eussent soulagé. Vaille que vaille, il s´endormit.Obrazek

Joseph fît un rêve. Assis au bord d´un ruisseau, il méditait bercé par le chant de l´eau joyeuse. Quand il se décida à entreprendre sa tâche -car toute méditation n´a de sens que si elle est une préparation à l´action- il ouvrit les yeux. Sur l´autre rive, le dévisageait un agneau. L´homme, ému par la douceur angevine, esquissa un sourire. Soudain, l´animal tressaillit, se figea et se mit à grelotter avant de pousser un gémisseùent ligubre. Sa fourrure se fonça et ses contours se dissipaient pour mieux s´allonger. L´homme fasciné ne pouvait qu´observer la chose verdissante qui achevait de traverser le ruisseau. Un déjà-serpent se lovait autour de lui, l´entourait, lui serrait la gorge. La bête s´élança vers une branche pour y traîner sa proie.

Joseph se voyait pendu quand il s´éveilla. Sa lèvre supérieure, retroussée, frémissante, laissait apercevoir ses dents. On eu dit un vieux rat, acculé, prêt à bondir pour livrer son ultime combat. Pourtant, oh malheur, personne d´étranger sur qui abattre sa rage. En guise de faux-fuyant, il ne lui restait qu´à, de soi même, être le bourreau. Lentement, avec cet acharnement froid et méthodique qu´on observe chez certains animaux, il entreprit de se ronger l´os de la patte pour s´échapper du piège qui s´était subitement refermé. Il observait, en grimaçant un sourire diabolique, ses propres mâchoires enragées lui déchiquetant ses intimités.

Une fois qu´il eu broyé son être de surface, il rencontra une obsession autonome. Une volonté l´obnubilait, celle d´être un maître du monde sanguinaire, celle de brandir sa hache d´airain et de trancher enfin toutes ses têtes philistines qui peuplaient son quotidien.

Il voulait teindre la Terre de ce pourpre sombre qu´est le sang. Cette couleur n´est-elle pas immensément plus sérieuse que ce bleu pastel sans force ? Ce soir-là, il aurait voulu être un personnage de ces affreux romans modernes afin de patauger jusqu´à la garde dans le sang. Il se sentait l´âme lyrique et en voulait un tsunami. Certes, lecteur tu as raison de croire que Joseph ne  mit jamais les pieds au Japon; en réalité il voulait un énorme raz de marée de sang, mais itu dois convenir qu‘en disant tsunami je fais plus court.

Cependant, il ne contemplait pour l´instant, dans les ténèbres de sa chambre, que sa petitesse infinie. Comme si tout avait été fait pour accroître davantage son dégoût. Exaspéré, il quitta son lit et bondit sur Maldoror. Enfin se laisser pousser les ongles, enfin dépecer un enfant innocent et lui arracher son coeur Obrazektendre et palpitant. Malgré les philosophes, parmi le bestiaire de Lautréamont, il avait choisi le loup; carnassier en chasse, la gueule giclante de couperets.

-„ Mieux encore…se dit-il en jettant le livre dans un coin poussiéreux…s´il faut se savoir maudit…autant être Russe…“

Il jetta un coup de pied dans l´étagère pour en faire tomber quelques ouvrages. Il en ramassa fiévreusement un : le Grand inquisiteur surgit…peu importe les hommes, c´est l´humanité qu´il faut pervertir et avilir...enfin être couvert de ce pourpre qu´il aime tant… enfin se délecter de la chair grillée de ce vieux bouc de Galilée…enfin être cardinal et étrangler pour des siècles l’esprit libre et la raison…enfin, en 1927, être un Saint !

Tel un Bateau ivre de tout ce Mauvais sang, il s´endormit sur la grève…et se réveilla à l´Aube.

 

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